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La santé de l’entrepreneur : sa principale ressource immatérielle !

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Il y a quelques jours, j’ai assisté à une mini-conférence de Laurent Lemaire, l’un des fondateurs de Cascades. À 74 ans, il est toujours en grande forme et remplace, depuis quelque temps, celui qui avait la charge de gérer les filiales européennes du groupe Cascades. Cette responsabilité s’ajoute au fait qu’il siège au conseil d’administration du groupe, ainsi que celui d’autres grandes organisations. Il va sans dire que cette nouvelle responsabilité lui occasionne de nombreux déplacements partout dans le monde, ce qui l’oblige à travailler entre 60 et 80 heures par semaine ! Et comme il le dit lui-même, « là où j’en suis rendu dans ma vie, ce n’est certainement pas pour l’argent que je fais ça ! ». C’est tout simplement par passion pour son travail ! Et il n’est pas le seul entrepreneur à posséder toujours une énergie incroyable après avoir dépassé l’âge « officiel » de la retraite au Canada. Juste à titre d’exemple, Jean Coutu, âgé de 85 ans, est toujours président du conseil d’administration du Groupe Jean Coutu et demeure un entrepreneur très actif, tout comme Lino Saputo, de l’entreprise du même nom !

Le professeur Olivier Torrès, titulaire de la Chaire sur la santé des dirigeants de PME et des entrepreneurs à l’Université de Montpellier, souligne que l’entrepreneuriat possède des facteurs pathogènes et des facteurs salutogènes qui agissent sur la santé du dirigeant (Torrès, 2010). Parmi les facteurs pathogènes, on note de nombreux éléments se rapportant au métier d’entrepreneur : périodes de stress parfois très intentes, surcharge de travail importante à certains moments, solitude du dirigeant face aux décisions difficiles (comme procéder à un licenciement d’employé) et incertitude face à l’avenir. Tout ces éléments peuvent l’amener dans une période de doute face à sa carrière d’entrepreneur (Valéau, 2006).

En contrepartie, le métier d’entrepreneur amène son lot de facteurs salutogènes, c’est-à-dire qui contribuent à maintenir la santé du dirigeant. Ainsi, on note que les entrepreneurs font preuve d’une plus grande endurance que les autres. Un peu comme ceux que je citais en introduction, plusieurs entrepreneurs possèdent l’énergie des marathoniens et sont capables de supporter des horaires chargés, des décalages horaires, le stress et la pression. Également, il est reconnu que les entrepreneurs sont généralement des gens plus optimistes que les autres. Face à un verre rempli à moitié, ils le voient à moitié plein, alors que d’autres le voient à moitié vide ! Cet optimisme généralisé leur permet d’opérer dans des contextes de haute incertitude, tout en étant peu affecté psychologiquement par ceux-ci. Finalement, on note que les entrepreneurs possèdent un lieu de contrôle interne élevé, ce qui veut dire qu’ils se croient maître de leur destiné. Ainsi, au lieu d’attendre que la « chance » leur tombe dessus, ils passent à l’action afin de « créer leur chance ». Comme le disait Sénèque, la chance est ce qui arrive lorsque la préparation rencontre l’opportunité ! Alors dans ce contexte, plusieurs entrepreneurs ont choisi le métier parce qu’ils pouvaient « créer leur chance » plutôt que de dépendre des décisions d’un patron pour le développement de leur carrière. L’entrepreneuriat vient alors combler leur besoin d’autonomie et d’indépendance, et fait en sorte qu’ils sont plus satisfaits de leur travail (Jamal, 1997), un autre élément salutogène pour la santé !

En somme, et c’est l’hypothèse que je soulève, les facteurs salutogènes offriraient une « protection naturelle » contre les facteurs pathogènes de l’entrepreneuriat. Ici, j’insiste sur l’idée de protection naturelle, c’est-à-dire que la personne est naturellement dotée de ces facteurs de protection. En effet, autant l’optimisme que le lieu de contrôle interne, ou même le besoin d’autonomie et d’accomplissement, sont des profils psychologiques fortement ancrés dans la génétique de l’humain, tout comme son niveau d’endurance, lié à sa capacité à travailler de nombreuses heures sur une longue période, sans trop ressentir les effets négatifs d’un tel rythme (Shane, 2010). Ces constats laissent penser que certaines personnes seraient mieux prédisposées à devenir des entrepreneurs que d’autres. Cette hypothèse reste toutefois à démontrer, en suivant des cohortes d’entrepreneurs dans le temps, ce que peu de recherches ont fait jusqu’à maintenant.

Et vous, connaissez-vous des entrepreneurs avec une santé de fer ?


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